ELTONO
Flâneur, piéton obstiné et observateur chronique, l’artiste français Eltono utilise depuis des années l’espace public comme support, atelier et source d’inspiration. Sa sensibilité envers tout ce qui se passe autour de lui et sa connaissance de la nature, de la rue – ses caprices et son caractère imprévisible – sont ses outils principaux à l’heure de générer ses œuvres. Il est intervenu dans les rues de plus de 90 villes à travers le monde et a montré ses travaux dans des musées et galeries de renom comme la Tate Modern à Londres, la Fundación Miró à Barcelona ou l’Institut Cervantes à Paris.
Invité pour une résidence de 15 jours à Caen, Eltono a produit un travail contextuel à la pointe de la presqu’île pour construire une exposition regroupant des peintures et des sculptures. Il a aussi pris le temps de réaliser trois peinture furtive aux alentours de son lieu de residence.
PARCOURS ALEATOIRES
« Le Pavillon, lieu de ma résidence et d’exposition de ses résultats, est situé au cœur de la Pointe de la presqu’île de Caen. C’est un territoire particulièrement intéressant, il est entouré d’eau (par le bassin St. Pierre, le canal de Caen à la mer, l’Orne et le canal Victor Hugo) et est en pleine transformation, alternant constructions modernes, vielles usines, bâtiments abandonnés, espaces verts planifiés et terrains vagues. Un espace dégagé, bien défini et propice à la déambulation aléatoire.
j’ai défini 23 points sur le territoire à des endroits clés (angles de bâtiment, croisements, coins). Le but étant de marcher d’un point à un autre en choisissant aléatoirement le point suivant. Le parcours commence au point n.º1, passe par 10 points et termine à nouveau au point n.º1. Le résultat de chaque parcours a ensuite été matérialisé en bois coupé au laser avec l’aide du Fablab du Dôme. Ils ont ensuite été peints et exposés au Pavillon. J’ai personnellement tracé 11 parcours et 6 ont été tracés par les participants d’un atelier. Chaque sculpture représente un trajet de 30 à 40 minutes sur une distance de 2 à 3 km. »
TOURBILLONS
« Un jour, en traversant le barrage de l’Orne (un pont barrage construit en 1908 qui sert à réguler la marée), j’ai réalisé que devant chaque porte, du côté aval, l’eau formait de très puissants tourbillons. Quand je suis retourné sur le barrage le jour suivant, j’ai remarqué que les débris qui flottaient la veille étaient toujours en train de tourner au même endroit. J’ai compris que les tourbillons étaient si puissants que les objets pris dedans n’avaient que très peu de chance de s’échapper. J’ai donc eu l’idée d’y jeter des œuvres et d’observer ce qui allait se passer. Après 5 jours j’ai décidé de les récupérer et, non sans difficultés, j’ai réussi à les repêcher et à les rapporter à l’espace d’exposition. »