SIMON BOUDVIN
Si un mot devait guider la pratique artistique de Simon Boudvin, ce serait « dehors ». L’artiste procède par excursions. Il arpente le tissu urbain et le fouille du regard en accordant une attention particulière aux architectures et aux mutations des territoires. De ses sorties, il rapporte des photos, des écrits, des objets ou des matériaux qu’il expose tels quels.
TECHNOPOLE
Palma et le Frac Normandie Caen ont invité Simon Boudvin pour une résidence de trois semaines à l’Institut Médico Éducatif l’Espoir. Il a pu enrichir sa série intitulée Technopoles, un relevé photographique d’architectures des années 90. Son travail a fait l’objet d’une exposition publique au Frac Normandie Caen.
« En 1993, j’étais collégien à Tours. La ville se dotait d’un nouvel équipement, un palais des congrès. Il avait la courbure d’un vaisseau, tout carrossé, une casquette élancée sur le boulevard, un front vitré. Il faisait face aux nouveaux TGV qui entraient dans la vieille gare. À l’époque, ces nouveaux bolides débarquaient du futur. Aujourd’hui encore, leurs fanfaronnades obliques portent l’idée d’une architecture de pointe. Décor de lycées pro, pavillons hangars, totems de rond-point et auvents de péage, entrées d’hypermarchés, technopôles. Avec leurs flèches, leurs poutrelles hypertrophiées, leurs poteaux inclinés, ils cherchent tous à exprimer la même dynamique, un élan du progrès rattaché aux technologies toujours nouvelles. Ils sont parfois misérables, drôles, beaux. À la manière des premières missions héliographiques, préludes aux inventaires des monuments, qui reproduisaient les cathédrales et les grandes halles, je photographie maintenant ces horreurs, maladresses, ou merveilles et développe pour elles une sympathie nouvelle. C’est peut-être ça, la reconnaissance d’un style : le second degré de l’esthétique. Ou le propre de la mode : d’être assez vite démodé, pour enfin être redécouvert. » Simon boudvin.
FOLIE COUVRECHEF
A l’occasion de cette résidence, l’artiste a impliqué dans un projet photographique sept élèves de l’IME : Éléna, Elliot, Dorian, Dylan, Ikrame, Maxime et Théo. Ils ont participé à toutes les étapes de l’élaboration d’une édition papier, de la prise de vue en argentique à la mise en page. C’est sous la forme d’un journal, “Folie Couvrechef”, que leur travail a été présenté au public. Les photographes en herbe ont également été sensibilisés à l’art urbain par l’équipe de Palma. Au cours de promenades dans la ville, ils ont découvert les peintures murales réalisées pendant les différentes éditions du festival.